• A quelle fréquence les enfants doivent ils prendre un bain ?

  • Un bébé a t-il besoin d’un bain tous les jours?

  • Quels sont les risques pour la santé de se laver peu ?

  • Les enfants sont ils sales ?

  • Le savon est il nécessaire ?

L’HYGIENE ET LES BAINS est un des sujets parentaux sources de difficultés, de prises de tête et d’inquiétudes qui poussent parfois les parents à user de manipulations ou de violences sur l’enfant.

A la fin de l’article je te dévoile à quelle fréquence nos enfants se lavent.

J’invite toujours à questionner et examiner minutieusement chaque demande faite aux enfants, chaque demande que l’on voit comme une exigence, un devoir ou une obligation. Quand je vois que ce que je demande à mes enfants crée un désaccord ou un refus, au lieu d’insister et de marteler mes enfants, (ou alors un peu après, parce que ça m’arrive d’insister sur des trucs qui m’inquiètent), je me pose, à froid, et je réfléchis à ma demande: quel est le risque en vrai que mes enfants ne le fassent pas, quels sont les risques avérés, réels et non pas fondés sur mes peurs, mes croyances ou mes messages intérieurs anciens?

L’hygiène est un sujet qui fâchent les parents d’avec leurs enfants. Le bain du soir, les mains lavées, les dents brossées, et tout ça, tous les jours, voire plusieurs fois par jour, autant dire que c’est autant de moments pénibles pour tout le monde. Imposer un bain ou tout acte d’hygiène à l’enfant, en plus d’être délétère pour l’enfant et pour la relation parent-enfant, c’est également user d’énergie que l’on aurait pu s’économiser (et économiser à l’enfant).
Pour se sentir moins inquiet et pour mettre moins d’importance dans l’hygiène, il est bon de voir s’il est possible d’être rassuré, en questionnant les potentiels risques sur la santé de l’enfant s’ils ne se lavaient pas ou peu.

La peau, c’est sale?

Les microorganismes c’est un domaine que je connais plutôt bien, en tout cas j’ai travaillé dans ce domaine durant des années et ça m’a permis depuis longtemps maintenant de ne plus avoir peur de ces petites bêtes qui sont, pour la quasi totalité d’entre elles non pathogènes et ne nous font aucun mal.

Notre peau c’est un écosystème. Sur ce sol, y vit un peuple microbien qui s’auto-régule sans soucis, et qui occupe si bien l’espace qu’il n’y en a pas pour que d’autres bactéries ou microorganismes qui pourraient nous faire du mal s’y installent.

Elles vivent sur un sol gras, notre couche hydrolipidique produite par les glandes de l’épiderme, composée de diverses substances (sueur, sébum, cellules mortes). Cette couche sert de barrière cutanée et protège les cellules de l’épiderme des attaques extérieures et régule l’hydratation de la peau.

A partir de là, déjà on se dit que décaper ce peuple pacifique à coup de savon, c’est pas une super idée.

Le savon, ça lave quoi?

Le soucis bien sûr c’est qu’en plus de ces microorganismes amis, on peut cumuler sur la peau diverses substances, de la terre, de la nourriture, des trucs divers et variés. C’est ça qu’on a envie d’enlever quand on se lave.

Mais un savon ça ne fait pas le trie, ça dégage les saletés, le sébum, les germes, tout!

D’ailleurs, la grosse majorité des saletés s’enlèvent sans problème avec de l’eau. Il n’y a que les substances non hydrophiles, comme les matières grasses, qui ne seront pas dissoutes par l’eau, mais sinon, l’eau enlève la grosse majorité du reste!

Le choix du savon est même devenu un vrai dilemme, on veut qu’il lave mais qu’il n’enlève pas notre film hydrolipidique, autant dire qu’il s’agit d’une recherche bien compliquée! Peut on demander, ou guider un savon pour qu’il n’enlève que ce que l’on souhaite qu’il enlève? …
Du coup, on crée des savons surgras (enrichi en gras) ou des savons saturés en huile, tout ça pour que ça laisse un peu de gras sur notre peau. Mais cela n’empêche pas le savon de faire son rôle de décapant. Pour continuer à utiliser des savons (c’est un objet d’hygiène auquel nous sommes tous très attaché!), on achète des savons qui tentent de « laver moins », mais sont ils réellement plus bénéfiques que se passer juste un coup d’eau? Perso je me pose la question.

– Quand on se lave, on enlève nos bactéries inoffensives, ce qui donne la place pour des bactéries plus pathogènes qui peuvent faire des bobos sur la peau ou profiter d’une ouverture pour entrer dans l’organisme.

– Quand on se lave, on enlève le film hydrolipidique. La peau prend ça comme une agression et va se dépêcher de refabriquer du film gras, on se relave, la peau reprend ça comme une agression et va refabriquer encore du gras, c’est ainsi le cercle vicieux. C’est un peu comme la production du lait maternel, plus on stimule le sein, plus il produira du lait, la peau réagit pareil, plus on la stimule, plus elle produira du gras.
Lorsque on se lave, et qu’on enlève la protection hydrolipidique de la peau, la peau sera soumise aux agressions extérieurs, les températures froides ou chaudes, le calcaire, mais aussi les diverses crèmes et produits, la peau sera plus rapidement desséchée, déshydratée et cela augmentera les soucis de peaux, eczéma, acné, etc.

Comment ça se passe l’hygiène ailleurs?

J’ai également discuté avec ma mère des habitudes d’hygiène qu’elle a connu durant son enfance au Portugal dans les années 60-70, parce qu’à cette époque et à cet endroit, la paysannerie portugaise avant bien 50 ans de retard sur le mode de vie français, ma mère a donc connu un contexte de vie similaire à celui du début du 20ème siècle en France (pas d’eau courante, pas de salle de bain, pas d’électricité, une seule paire de chaussures, des matelas en paille, des pierres chaudes en guise de bouillotte).
A cette époque, ils ne se lavaient qu’une fois par semaine, le dimanche avant la messe et c’est tout. Il y avait la petite toilette du matin pour nettoyer le visage et la toilette du soir pour nettoyer les pieds salis par le travail dans les champs. Les femmes se lavaient durant leur règles, mais rien d’autre. Durant la toilette du dimanche, ils avaient une bassine d’eau chauffée, ils entraient dedans et se lavaient d’abord le visage puis le reste avec du savon, ce savon servait à tout, cheveux corps, puis de l’eau non savonneuse servait à se rincer.

En comparaison avec nos cousins les grands primates, contrairement à ce qu’on pourrait croire, il y a beaucoup plus de microorganismes et parasites dans les maisons et le lit des humains que dans le lit des chimpanzés (chez l’humain, 35% des bactéries du lit proviennent du corps contre 3.5% chez les chimpanzé!) (1). La raison évoquée c’est que les chimpanzés refont leur nid, tous les jours. Ils ne savonnent pas, ne décapent pas, il refont, ils aèrent, contrairement aux humains qui marinent dans leurs tissus, moquettes, matelas. La propreté réside surtout dans le renouvellement, la circulation d’air et de fluides.

Tout ça m’a permis de comprendre que l’hygiène ne passe pas par les lavages trop nombreux et trop agressifs de nos vies contemporaines, mais plus dans un équilibre microbien favorisé par diverses formes d’aération.

Ca veut dire quoi « sale » et « propre » ?

Qu’est ce qu’on appelle « sale » ? c’est quoi un truc sale? En vrai c’est pas si facile de définir ce qui est sale, ce qui est propre. Les définitions des dictionnaires sont floues (définition de « sale »: qui n’est pas propre, ouahou, on est éclairé, merci!).

Ma définition ce serait de définir quelque chose de sale lorsque cette chose a, sur elle, une substance qui n’a pas sa place ici. c’est comme ça que je vois la définition la plus juste.

En réalité il y a pleins de choses qu’on qualifie de « sales » simplement parce qu’on nous a appris à les considérer comme ça. C’est devenu quelque chose que l’on doit trouver beurk, repoussant, voir dégoutant. On a même intégré un genre de hiérarchie du un peu sale, un peu beurk jusqu’au carrément dégoutant.

Il y a finalement très peu de substances nocives, dangereuses autour de nous. L’urine par exemple, est une substance stérile, sans aucun germe si elle provient d’une personne non malade.

Les seules attentions intéressantes niveau santé sont donc lorsque des germes présents potentiellement dans une substance, se posent à un endroit où ils peuvent potentiellement induire une maladie. Exemple: les selles portent des enterobactéries qui sont très bénéfiques dans le colon mais qui, si elle passe dans l’estomac peuvent induire des gastro. Voilà typiquement des germes qui sont très bien à un endroit et qui peuvent faire du mal à un autre endroit.

De l’attention peut être portée également sur les mains. Les mains sont le premier vecteur de germes. 80% des virus et bactéries sont transmis par les mains. L’hygiène des mains est peut être la plus importante sur laquelle il faut faire gaffe quand on est malade.

Les enfants sont-ils sales?

J’en viens aux enfants, parce que ok, j’ai compris qu’une bonne hygiène et de bons soins corporels c’est une hygiène non excessive contrairement à nos habitudes contemporaines, mais, et les enfants du coup, est ce qu’ils doivent se laver tous les jours, un jour sur deux, moins que ça? Est ce qu’ils doivent se laver autant, moins, plus souvent qu’un adulte?

Mon idée première était celle ci: les enfants sont probablement moins sales que les adultes.

Ils courent partout, jouent dehors, ne sont pas gênés par le fait de toucher des choses collantes, alimentaires, pleines de poussières, etc, et pourtant ça n’en fait pas des êtres plus sales!

– Contrairement aux adultes, les bébés et jeunes enfants transmettent moins d’entérobactéries, et de gastro puisque l’hygiène du siège est assuré par l’adulte.
– Contrairement aux adultes, les bébés et les enfants n’ont pas d’hormones de la puberté, ils n’ont pas de sueur particulière et n’ont pas de poils.
– La majorité des salissures des enfants se font sur les mains, voire éventuellement les pieds, et le visage, le reste du corps est rarement sale.

On en revient à modérer encore les lavages excessifs et inutiles du corps entier, encore plus chez les enfants!

Conclusion

Tout ça, ça a mijoté dans ma balance mentale:

Les risques avérés, l’hygiène excessive de nos contrées VS la posture nocive pour l’enfant qui subit, que l’on soumet à notre demande et sur qui on peut en arriver à user de violences (violences étant un mot qui regroupent toutes les formes de violences, aussi minimes ou douces vous semblent elles).

Ici, on ne fait plus des bains qu’occasionnellement depuis des mois, depuis novembre 2018 précisément.
Nos enfants se lavent habituellement une fois par semaine à l’eau non savonneuse. Le savon est très occasionnel.

Avant, mon plus jeune était un fana de bains, d’eau, de lavage, de douche et puis un jour il n’a plus du tout eu envie de se laver. Dans une démarche de respect de l’enfant et d’accompagnement sans VEO (Violences Educatives Ordinaires), il est inenvisageable de l’obliger sans son consentement à se laver.

On a simplement arrêter de le saouler avec les bains. On lui propose de façon très ponctuelle, mais sinon on nettoie son siège lors des urines et des selles, tout ça avec son accord, on nettoie lorsqu’il y a quelque chose qui vient tacher sa peau, sur sa demande, mais sinon rien d’autre.

Pas de bain, pas de lavage de cheveux, rien.

On prend soin de vérifier s’il y a des blessures. On est là pour assurer la sécurité et la santé de nos enfants, les bobos sont donc surveillés, on ne laisse pas une inflammation se dégrader, s’infecter, etc (les soins ne se font pas sous contrainte et sans consentement non plus, si le risque vital n’est pas une urgence) . Depuis novembre 2018, donc nos enfants ne prennent plus de bain, ils prennent une douche sans savon une fois par semaine, à la piscine du coin lorsqu’on fait notre sortie piscine, et de façon très occasionnelle les enfants demandent un bain (moussant souvent) pour s’amuser, en dehors de ça, on les laisse tranquille!

On a absolument aucun désagrément, le fait d’avoir fortement réduit les bains, je vais te dire, ça a supprimé des moments chiants mais en plus ça a permis de préserver leur peau. Mes fils ont des peaux assez réactives, à tendance atopique, facilement rêche et eczémateuse, et là très clairement, on a plus rien de tout ça. Aucun désagrément, et que des bénéfices.

Je vais pas entrer dans le sujet de l’hygiène des dents, y aurait beaucoup de choses à dire, surtout que c’est un sujet que j’ai beaucoup creusé, j’ai cherché beaucoup d’infos. Juste pour rapidement dire une ou deux choses là dessus:
C’est intéressant de savoir que les humains de la préhistoire avaient très très peu de caries. Il y a aussi de nos jours des dossiers super intéressants de comparatifs de dentitions selon les ethnies: les humains qui vivent dans des tribus qui se nourrissent avec des aliments non transformés, des aliments bruts, ont très peu de caries.
Les caries sont multifactorielles, l’alimentation avant tout (le calcium, phosphore, et les vitamines A, D et K2), il y a les antinutriments également qui empêchent l’assimilation des bons nutriments par l’intestin, il y a également la présence éventuelle de bactéries cariogènes notamment streptococcus mutans, et le pH de la salive qui, peut être trop acide ou trop souvent acide et puis il y a un terrain génétique, des fragilités de l’émail, etc. C’est vraiment passionnant et il y a un sacré paquets d’idées reçues sur les dents. Je ferai probablement un article rien que sur ce sujet.

Je suis loin d’être une adepte ou en tout cas prête au zéro lavage. J’ai lu des témoignages pourtant très rassurants et franchement intéressants de gens qui ne se lavent plus, ou uniquement à l’eau, mais, j’aime encore être lavée, et j’ai énormément de mal avec les odeurs, j’ai le nez très sensible aux odeurs et la fraicheur d’une bonne douche quand même c’est agréable, mais honnêtement je soutiens complètement ceux qui font ce choix.

Quand on est parent, je trouve que c’est vraiment ultra bienfaisant quand on peut se délester d’inquiétudes, parce qu’un parent inquiet, c’est un parent qui risque davantage de forcer l’enfant à faire ce truc pour qu’il ne soit plus inquiet.
Moi ça me le fait, y a des sujets qui m’inquiètent et je le dis à mes enfants. Je comprends si pour d’autres parents l’hygiène c’est important, quand même, malgré tout, Mais je ne peux pas obliger mes enfants à trouver ça important aussi, eux, ils ne vivront que la contrainte et le forçage.
J’informe mes enfants s’ils le souhaitent, je leur apporte des informations, factuelles, de ce qu’on sait, de ce que ça risque éventuellement de faire ou de ne pas faire, et ensuite, si le risque est avéré, on va chercher comment s’en occuper avec le consentement de tout le monde et ça peut demander beaucoup d’essais.

Mais si les risques sont en réalité très minimes, ce qui est plus souvent le cas qu’on ne le croit, et bien je leur fous la paix, ça m’empêche pas de rester vigilante et de surveiller.

Quand leur hygiène me dérange moi, par exemple si mon fils a joué et s’est mis pleins de choses sur les mains et qu’ensuite il me demande s’il peut prendre mon téléphone, je lui explique que moi j’ai besoin que mes affaires, mon téléphone dans ce cas, soit propre et pas pleins de substances non identifiées qui colleraient sur l’écran et que oui, il peut le prendre quand il se sera lavé les mains.

Mais voilà, toute ces réflexions viennent parce qu’il y a cette distinction importante je trouve entre:

Nos inquiétudes, nos peurs, nos croyances, nos habitudes, ce qu’on nous a toujours fait croire VS les faits, les véritables risques, les questionnements plus froids, plus distants.

Ca permet souvent de supprimer des contraintes qu’on met aux enfants qui sont très souvent basées sur des croyances ou des peurs non fondées.

 

 

Article sur l’hygiène: https://www.vice.com/fr/article/53yg98/scientifiquement-a-quelle-frequence-faut-il-se-doucher-

(1) – Etude sur le lit des chimpanzés: https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rsos.180382
et article sur cette étude: https://news.ncsu.edu/2018/05/chimpanzee-beds/