On va parler ici de l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur. Il peut arriver que l’ainé ne soit pas jaloux du bébé mais le devienne plusieurs mois voire années plus tard.

Dans cet article on va voir les raisons qui expliquent cette jalousie qui se déclenche et comment calmer la situation. A la fin, vous avez un résumé avec les points clés à retenir.

Un nouveau bébé vient d’arriver dans la famille?

BINGO

Vous allez entendre parler de jalousie.

« Et comment réagit l’ainé? Ca va, il n’est pas trop jaloux? »

Vous allez appréhendez cette jalousie annoncée et puis, quelques semaines ou mois après la naissance vous ne voyez aucun signe de jalousie chez votre aîné.

OUF

Vous y avez échappé, c’est bon c’est réglé.

VRAIMENT ?

En réalité les premiers mois ne sont pas toujours propices à la jalousie.

Cela peut arriver bien plus tard (n’importe quand finalement).

Pourquoi l’ainé est jaloux du plus petit

La jalousie n’est pas un gros mot, elle n’aura de sens négatif que si vous lui en donnez. Ici, j’utilise ce mot sans avis négatif dessus, de façon tout à fait neutre. Être jaloux est un sentiment normal et universel qui ne caractérise pas un « mauvais caractère » ou tout autre suggestion négative.

Voyons ensemble les critères qui peuvent favoriser/déclencher ce sentiment. Vous verrez que les raisons d’une jalousie cachent finalement la même source et les même besoins.

La jalousie reflète une insécurité

Dans tous les cas, ils reflètent un sentiment d’insécurité (au sens large) chez l’ainé :

La façon la plus importante pour l’enfant de se sentir en sécurité est d’être sûr que ses donneurs de soins (ses parents) l’aiment et sont attachés à lui (et donc qu’ils ne pensent pas à le négliger ou à le jeter à la poubelle).

Cette façon d’être en sécurité se reflète également dans la place qu’il a au sein de sa famille (et dans tous les groupes auxquels il appartient). Lorsqu’on a une place bien définie, on se sent intégré, influant et donc en sécurité. Et on prend, littéralement, de la place, on a des lieux et des objets privilégiés.

C’est donc à travers ses deux aspects que l’enfant peut développer de la jalousie:

  • L’amour et l’attachement de ses parents (parfois même de façon plus large sur les personnes dont il aime l’affection)

ET

  • Ses possessions (objets, mais aussi lieux de vie, et toute chose à travers laquelle il a posé de la familiarité, comme le marche pied ou la cuillère en bois qu’il aime)

Lorsqu’un nouveau bébé arrive dans la famille, l’ainé peut déjà se sentir secoué par cette nouvelle présence, mais, souvent, la joie de la nouveauté prend le dessus.

Cela va dépendre de son tempérament et de son sentiment de sécurité intérieure. Certains enfants vont se sentir plus vite et plus souvent en insécurité que d’autres. Ils auront alors besoin de plus de preuves d’amour qui les rassurent. Si l’enfant a un attachement dit « secure » et qu’il se sent plutôt bien avec lui même, l’arrivée d’un bébé va moins le perturber. Encore moins si l’arrivée n’est pas un bouleversement total, s’il conserve ses habitudes et que ses parents lui accordent du temps et de l’attention.

Selon son âge il peut également être incapable d’intégrer l’idée de long terme et ne pouvoir penser qu’à court terme en imaginant donc que ce bébé n’est là que de façon temporaire. il est alors prêt à prendre sur lui durant le peu de temps que ce bébé passera dans la famille. Apprendre et prendre conscience qu’il est là pour toujours peut faire apparaitre une certaine angoisse s’il n’avait pas saisi l’ampleur du phénomène!

L’ainé est mis à l’écart

Avec l’arrivée d’un bébé, les priorités peuvent bouger. Un bébé c’est plus dépendant et plus fragile qu’un bambin donc forcément on va avoir tendance à porter plus d’attentions sur lui que sur le grand frère ou la grande sœur. On verra par la suite que, même si cela est inévitable on peut prévenir les problèmes auprès de l’ainé.

L’écart de soins, aussi logique soit il, peut être une grande source d’insécurité sur l’ainé si la différence d’attention entre avant et après la naissance est trop grande pour sa capacité de tolérance.

Voici typiquement les « mises à l’écart » qui peuvent creuser le sentiment d’insécurité chez l’ainé et développer sa jalousie:

  • Le bébé, son lit et ses affaires se retrouvent dans la chambre des parents tandis que l’ainé est seul dans la sienne.
  • l’ainé se fait garder par une nounou, une crèche ou va à l’école durant de longues heures tandis que le bébé reste à la maison avec le ou les parents.
  • Un ou des évènements où le bébé est au centre comme une fête ou un repas de famille pour célébrer la naissance, le baptême, etc.
  • Des attentions nombreuses sur le bébé durant lesquelles on demande à l’ainé de se débrouiller seul. On a tendance, lorsqu’on a un tout nouveau bébé, à voir notre ainé beaucoup plus grand qu’avant et on peut alors lui demander un surplus d’autonomie par rapport à avant et/ou par rapport à ses capacités, du genre « t’es grand maintenant ».

La jalousie peut apparaitre quand le bébé grandit, marche et parle

Les premiers mois du nouveau bébé ne sont pas forcément les plus difficiles pour l’ainé car:

– ce petit bout ne prend, littéralement, pas beaucoup de place et reste là où on le pose.

– il passe beaucoup de temps à dormir

– les temps d’éveil sont consacrés à des moments pas très longs où l’investissement auprès du bébé n’est pas énorme au niveau cognitif (le parent ne construit pas un château en lego d’1 mètre de haut, chose qu’il peut faire avec l’ainé).

Par contre cela peut être difficile pour l’ainé (et pour tout le monde en réalité) lorsque le bébé pleure beaucoup, demande beaucoup d’attentions, a des soucis de santé et accapare toute l’énergie de ses parents.

 » Les difficultés pour l’ainé peuvent apparaitre au moment où le bébé devient plus moteur, commence à s’exprimer oralement et passe d’un bébé immobile avec un rôle bien défini et différent de celui de l’ainé, à un tout jeune bambin qui change et ressemble de plus en plus à l’identité de l’ainé »

Les mois passent et bébé va commencer à savoir se déplacer et réduire ses temps de sommeil diurne.

Les difficultés pour l’ainé peuvent apparaitre au moment où le bébé devient plus moteur, commence à s’exprimer oralement et passe d’un bébé immobile avec un rôle bien défini et différent de celui de l’ainé, à un tout jeune bambin qui change et ressemble de plus en plus à l’identité de l’ainé: il se déplace, veut jouer, s’intéresse à ce que fait l’ainé et veut faire pareil.

L’ainé peut ressentir un truc du genre:

« Ouho, comment ça, tu te déplaces partout dans mon espace, tu veux jouer avec mes jouets et tu deviens de plus en plus capable de faire comme moi? Euh, non attends, moi je te tolère parce que t’es censé être petit et que tu bouges pas trop ».

Cela peut surprendre les parents qui n’avaient vu aucun signe de jalousie jusqu’à présent!

Comment éviter ou arrêter la jalousie de l’ainé ?

Après avoir compris pourquoi un enfant est jaloux, on peut l’aider à éviter cela ou à résoudre le problème. Les solutions consisteront à répondre au besoin de sécurité de l’enfant. Tout simplement. Simple ne veut pas dire facile,mais dans le cas de la jalousie, on peut mettre au point pas mal de choses.

Dire la vérité

Selon l’âge de l’ainé, le niveau d’informations à lui transmettre ne sera pas forcément le même mais il consistera en la même chose : l’informer, avant l’arrivée du bébé, que celui-ci sera là pour toujours et qu’il fera partie de la famille au même titre que lui et chacun des membres.

Beaucoup d’enfants pensent que le bébé n’est là que pour un temps et disent un jour à leurs parents « C’est bon, on peut le rendre maintenant hein? »

Ne misez pas trop sur le fait que l’ainé comprendra tout seul, cela est possible oui, mais le risque c’est également que la prise de conscience puisse l’angoisser tout simplement parce que ce n’était peut être à ça dont il était préparé.

L’autre vérité à lui transmettre est que le bébé prendra du temps qui pouvait être consacré, avant, à l’ainé. C’est une information qui peut être délicate à transmettre parce qu’on peut avoir tendance à le dire de façon alarmiste ou fataliste pour l’enfant (du genre « et oui, c’est comme ça, je passerai moins de temps à jouer avec toi, tu devras t’y faire« ) ou, au contraire à tenter de positiver le truc (« mais tu verras, ce sera génial, tu m’aideras à m’occuper du bébé, tu te sentiras grand!« ).

L’idée est plutôt de parler uniquement du bébé sans exagérer ni minimiser les effets (« le bébé demandera de l’attention, il sera fragile et ne pourra pas s’occuper de lui même, on va devoir le faire pour lui jusqu’à ce qu’il grandisse« )

A l’inverse, il peut être rassurant pour l’ainé de savoir que cette période de forte dépendance du bébé ne durera pas éternellement et qu’en grandissant il saura de plus en plus s’occuper de lui même. En effet, selon son âge, l’ainé peut être angoissé à l’idée qu’il a « perdu ses parents pour toujours et qu’ils seront toujours accaparés par ce petit frère ou sœur ».

Favoriser la sécurité de l’ainé

Limiter les changements pour l’ainé

Vivre un changement est souvent plus douloureux que de découvrir une façon de vivre. Ce que je veux dire par là c’est que le bébé vient d’arriver et ne connait pas comment se déroule le quotidien de la famille. Pour lui, tant que son intégrité est respectée, rien ne va le choquer, tout est nouveau. A l’inverse, l’ainé a une plus longue histoire dans la famille, il y a ses habitudes, ses repères, tout est familier pour lui. Changer ce qui est familier peut être très déroutant. Il est donc préférable de minimiser le changement pour l’ainé plutôt que pour le bébé car lui ne s’attend pas à certaines habitudes, il va les découvrir et les assimiler.

Un exemple: si l’ainé aime prendre son bain à telle heure, dans tel contexte mais que vous, vous aviez plutôt envie de vous occuper du bébé à cette heure-ci, (lui donner son bain par exemple), on peut plutôt garder le bain de l’ainé avec ses habitudes, et décaler celui du bébé qui lui, n’a sans doute pas encore d’attachement particulier pour l’heure ou le contexte.

On peut imaginer la même chose avec des objets, des aliments, des lieux de sorties, etc.

On peut limiter l’écart d’attention entre lui et le bébé, par exemple on ne l’isolant pas durant la nuit alors que tous les autres membres de la famille dorment ensemble dans la même pièce. Ce n’est pas forcément possible pour vous ? Alors l’ainé doit savoir pourquoi car il risque de se créer sa propre raison dans sa tête et elle risque d’être assez délétère pour sa sécurité intérieure puisqu’il pourrait imaginer les pires raisons de cette mise à l’écart. Les explications peuvent alors apaisés ses craintes mais seront parfois insuffisantes pour l’enfant qui donne plus d’importance aux actes qu’aux paroles : au final, il peut retenir qu’il est isolé des autres membres de la famille, malgré tout.

Cela la même chose durant la journée, si l’ainé est constamment isolé, gardé à l’extérieur (crèche, école, etc), il risque de se donner des raisons où il se définira comme la cause de la séparation (« on me fait garder parce qu’on ne m’aime pas » « on m’a remplacé par le bébé »).

Durant une période, l’ainé peut avoir besoin qu’on limite ses longues heures de garde. Si cela ne vous est pas possible, il est donc bon de lui donner les raisons pour effacer au maximum celles qu’il se donnera.

Laisser l’ainé prendre de la place

Avant tout, l’ainé doit pouvoir exprimer ce qu’il ressent, dire ce qu’il pense, aussi noires semblent ses pensées.

« Je veux qu’on donne le bébé » « Des fois j’aimerais le jeter à la poubelle » « C’est nul d’avoir un petit frère »

Et c’est vrai, avoir un frère ou une sœur, c’est pas que du positif. Ça peut être chiant, y a des inconvénients, on est d’accord ? Laissons l’enfant le dire, c’est juste la vérité.

« Quand on est important on prend de l’espace et du temps »

Pour l’ainé, comme on l’a vu précédemment, c’est l’insécurité qui va engendrer de la jalousie. Cette insécurité passe par le fait de se sentir aimé, considéré et influent. Cela passe, comme on l’a vu par du temps, des signes d’amour, de l’espace et des objets qui lui sont consacrés.

Quand on est important, on prend de l’espace et du temps

On peut alors faire attention à:

– proposer des temps consacré à l’ainé, sans le bébé (si c’est possible) ou avec le bébé mais durant lesquels l’ainé est au centre (il décide, il choisit, etc)

– avec la participation de l’ainé, on peut définir des objets et des lieux à lui, bien distincts de ceux du bébé où celui-ci n’a pas accès.

– créer des évènements centrés sur l’ainé: fêtes, sorties, diners, gouters avec des copains, évènements sportifs ou culturels, surprises, etc.

– tout acte permettant à l’ainé de se sentir aimé et non négligé (je généralise volontairement, car cela dépendra de vous et votre enfant, vous le connaissez mieux que personne)

Dans tous les cas, si de la jalousie persiste malgré tout ça, il peut se cacher des nœuds plus délicats à démêler, propre à l’enfant. Des consultations chez un professionnel compétent (parfois difficile à trouver) peuvent aider à y voir plus clair.

L’ainé est jaloux du bébé: EN BREF

  • La jalousie est un sentiment qui révèle toujours une insécurité (peur de perdre l’amour et la place que l’on a)
  • La jalousie se dissipera à partir du moment où l’ainé ne ressentira plus d’insécurités
  • Limiter les changements et les mises à l’écart de l’ainé
  • Laisser une totale liberté dans l’expression de ses ressentis
  • Trouver tout ce qui fait comprendre à l’ainé qu’on l’aime